17 mars, 2009

René Guénon – La période occultiste (1909-1912)

Classé dans : Documents — traditionprimordiale @ 8:34

Le parcours de René Guénon au sein du milieu occultiste français.

1 Résumé

De 1909 à 1914, René Guénon va enquêter au sein du milieu occultiste français. Il s’agissait de prendre contact avec des personnalités sur lesquelles il aurait pu s’appuyer en vue de reconstituer une élite intellectuelle (1) et en même temps détruire les organisations occultistes qui caricaturaient toute restauration d’une authentique Tradition en Occident (2).
Une controverse persiste concernant cette période. En effet, les milieux universitaires restent persuader que René Guénon fut un temps influencé par certaines idées occultistes. Pourtant le contenu son projet de roman (1906) et les différents articles qu’il publia de 1909 à 1914 démontrent le contraire.

Il commença son parcours à l’Ecole Hermétique dirigée par Papus. Ce dernier était un écrivain prolixe qui livra de nombreuses études de « sciences occultes » particulièrement indigestes (3). Ses organisations étaient tout autant farfelues. En effet, l’Ecole Hermétique était le paravent d’ organisations maçonniques spiritualistes et du « martinisme ». Il n’y avait aucune filiation directe pour le martinisme malgré les prétentions de Chaboseau d’être l’héritier direct d’une lignée initiatique remontant à Louis-Claude de Saint-Martin (4).
Le jeune René Guénon entra au sein de ces organisations. Il fut introduit dans l’Ordre Martiniste, dans la loge Humanidad (Rite National espagnol puis Rite égyptien de Memphis-Misraïm) et du Rite primitif originel swedenborgien.
René Guénon va tenter de mettre fin au pseudo martinisme de Papus en rassemblant autour de lui les personnalités les plus intéressantes dont il va faire la connaissance durant cette période. Ce fut une des raisons de l’implication de René Guénon dans l’ordre du Temple rénové (5) qui eu une existence bien éphémère. L’une des raisons de la lutte entre Papus et René Guénon concernait la question de la publication de l’oeuvre de Saint-Yves d’Alveydre. René Guénon se rendait compte du risque de détournement de l’œuvre de Saint-Yves d’Alveydre par Papus. Il disposait d’un manuscrit inédit qui fut utilisé pour la série d’articles sur l’Archéomètre publié dans la Gnose. Celui-ci lui avait été donné par F. Ch. Barlet (6) qui s’opposait au travail de sabotage de Papus. La publication par les « Amis de Saint-Yves d’Alveydre » de l’Archéomètre démontra qu’il avait raison. Le livre est illisible et pourtant toujours publié (7). Par contre on ne trouve aucune trace de la série d’articles publiée dans « La Gnose » sous la signature de T. Bruno Hapel en a livré les extraits les plus intéressants dans son livre « René Guénon & L’Archéomètre » (8).
C’est au sein de la loge Humanidad, que René Guénon fit la connaissance de Léon Fabre des Essarts membre d’une église néo gnostique fondée par Jules Doinel. René Guénon fut introduit dans celle-ci et fonda le bulletin « La Gnose » (1909-1912). C’est dans ce dernier que fut publié ses premiers articles.

Notes

(1) René Guénon fera référence à cette notion dans son livre « Orient et Occident » (voir le chapitre III « Constitution et rôle de l’élite » de la deuxième partie « Possibilité et rapprochement »). Ce livre est actuellement disponible aux éditions Guy Trédaniel.
(2) Il en fera la confession à Noelle Maurice Denis Boulet dans une lettre publiée dans l’étude de Marie-France James, « Esotérisme et Christianisme autour de René Guénon ».
(3) Si l’on prend l’exemple de son « Traité de la Magie » (1893), Chacornac fut obligé pour la deuxième édition (1926) de faire une correction complète du manuscrit. La préface de Chacornac de 1926 a aujourd’hui disparu pour laisser la place à celle du fils de Papus. Papus aurait fait un travail bien plus intéressant s’il s’était arrêté à établir une bibliographie commentée des différents domaines traités.
(4) Sur le Martinisme voir Massimo Introvigne, « La Magie », chapitre IV Le Martinisme, pp. 155-191.
(5) Cette affaire a donné lieu à quelques fantasmes qui ont la vie dure. Ainsi Robert Amadou voulait y voir une « Erreur spirite de René Guénon ».
(6) F. Ch. Barlet (pseudonyme de André Faucheux – 1838-1923). Il dirigea la section française de la H. B. of L. (Hermetic Brotherhood of Luxor). Il permit à René Guénon d’avoir accès à de très nombreux documents : outre ceux de la H.B. of L., il lui remit les notes inédites de Saint-Yves d’Alveydre sur l’Archéomètre ainsi que les documents et grades de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix.
(7) L’Archéomètre a donné lieu à de nombreux reprints. On ne mesure pas le détournement de cette œuvre. L’aspect métaphysique de l’œuvre de Saint-Yves d’Alveydre contenu dans des manuscrits et notes inachevés restent aujourd’hui incompris tandis qu’il est toujours fait grand cas de son aspect social, la Synarchie, complètement détourné à des fins politiques et conspirationnistes.
Nous invitons nos lecteurs à se reporter à l’étude de Jean Saunier, « Saint-Yves d’Alveydre ou une synarchie sans énigme », Dervy-Livres, 1981, 487 pp.
(8) Voir un compte rendu critique : http://www.zen-it.com/studitradizionali/francais/Balestrieri-archeometre-fr.htm

2 réponses à “René Guénon – La période occultiste (1909-1912)”

  1. gabaon dit :

    Je découvre ce blog qui me parait prometteur.

    Je pensais que le passage par les milieux occultistes relevait d’un travail de recherche et de vérification qui avait permis au jeune Guénon de se rendre compte par lui-même de l’inanité et de la vanité de ces voies qui n’étaient en fait que des impasses.

    Je le comprenais aussi comme une sorte de « descente aux enfers » nécessaires à sa remontée vers la lumière de la Tradition véritable.

    Mais je n’avais encore jamais lu qu’il y était allé pour détruire ces organisations.

    La lettre à MB à laquelle l’auteur du blog fait allusion est-elle disponible pour une publication ? S’y trouve-t’elle déjà ? Serait il possible d’en prendre connaissance sur ce blog ?

  2. Vous écrivez :

    « Je pensais que le passage par les milieux occultistes relevait d’un travail de recherche et de vérification qui avait permis au jeune Guénon de se rendre compte par lui-même de l’inanité et de la vanité de ces voies qui n’étaient en fait que des impasses ».

    Si l’on se reporte aux articles publiés par René Guénon dès 1909, on peut s’interroger sur les sources de ceux-ci ? Comment pouvait il exposer la Doctrine avec une telle assurance ? Il va par exemple citer aussi bien dans ses premiers articles que ses livres des passages trés courts de l’enseignement de la H. B. of L. par exemple. Il a cité les parties de cet enseignement en correspondance avec la Tradition (antiréincarnationnisme, doctrine des cycles, impossibilité de communiquer avec les morts). Qu’il en ait été membre ou non n’a pas d’importance. Il n’a rien appris de celle-ci.

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