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13 avril, 2009

René Guénon et la H. B. of L. après la mort de F. Ch Barlet

Classé dans : Non classé — traditionprimordiale @ 9:55

Après la mort de F.-Ch. Barlet, René Guénon va publier deux articles dans lesquels il cite la H. B. of L.:

1/ « F.-Ch. Barlet et les sociétés initiatiques ». Cet article a été publié dans le Voile d’Isis (avril 1925) et édité dans le volume posthume: « Articles et comptes rendus, tome I, le Voile d’Isis / Etudes Traditionnelles, 1925-1950″, éditions Traditionnelles, 2002, pp. 11-15.

2/ « Quelques précisions à propos de la H. B. of L ».Cet article a été publié dans le Voile d’Isis (octobre 1925) et édité dans le volume posthume: « Articles et comptes rendus, tome I, le Voile d’Isis / Etudes Traditionnelles, 1925-1950″, éditions Traditionnelles, 2002, pp. 17-20.

Nous publions dans cette page, le premier article.

René Guénon, « F.-Ch. Barlet et les sociétés initiatiques ».
Le Voile d’Isis, avril 1925.

« Avant de prendre part aux débuts du mouvement que l’on peut appeler proprement occultiste, F.-Ch. Barlet avait été l’un des fondateurs de la première branche française de la Société Théosophique. Peu de temps après, il entra en relation avec l’organisation désignée par les initiales H. B. of L., c’est-à-dire Hermetic Brotherhood of Luxor (1), qui se proposait pour but principal « l’établissement de centres extérieurs dans l’Occident pour la résurrection des rites des initiations anciennes ». Cette organisation faisait remonter son origine à 4320 ans avant 1881 de l’ère chrétienne ; c’est là une date évidemment symbolique, qui fait allusion à certaines périodes cycliques (2). Elle prétendait se rattacher à une tradition proprement occidentale, car, d’après ses enseignements, « les Initiés Hermétiques n’ont rien emprunté à l’Inde ; la similitude qui apparaît entre une quantité de noms, de doctrines, de rites des Hindous et des Egyptiens, loin de montrer que l’Egypte ait tiré ses doctrines de l’Inde, fait seulement voir clairement que les traits principaux de leurs enseignements respectifs étaient dérivés d’une même souche, et cette source originelle n’était ni l’Inde ni l’Egypte, mais l’Île Perdue de l’Occident ». Quant à la forme prise récemment par l’association, voici ce qui en était dit: « En 1870, un adepte de l’ancien Ordre, toujours existant, de la H. B. of L. originelle, avec la permission de ses frères initiés, résolut de choisir en Grande-Bretagne un néophyte qui pût répondre à ses vues. Après avoir accompli sur le continent européen une importante mission privée, il aborda en Grande-Bretagne en 1873 et réussit à trouver un néophyte qu’il instruisit graduellement, après avoir suffisamment prouvé et fait vérifier l’authenticité de ses lettres de créance. Le néophyte obtint ensuite la permission d’établir un cercle extérieur de la H. B. of L., pour faire parvenir tous ceux qui s’en montreraient dignes à la forme d’initiation pour laquelle ils seraient qualifiés ».
Au moment d’adhérer à la H. B. of L. , Barlet eut une hésitation : cette adhésion était-elle compatible avec le fait d’appartenir à la Société Théosophique ? Il posa cette question à son initiateur, un clergyman anglais, qui s’empressa de le rassurer en lui déclarant que « lui-même et son Maître (Peter Davidson) étaient membres du Conseil de la Société Théosophique ». Pourtant, une hostilité à peine déguisée existait bien réellement entre les deux organisations, et cela depuis 1878, époque où Mme Blavatsky et le colonel Olcott avaient été exclus de la H. B. of L., à laquelle ils avaient été affiliés en 1875 par l’entremise de l’égyptologue Georges H. Felt. Sans doute est-ce pour dissimuler cette aventure peu flatteuse pour les deux fondateurs que l’on prétendit dans le « Théosophist », que la création du cercle extérieur de la H. B. of L. ne remontait qu’à 1884 ; mais chose singulière, le même « Theosophist » avait publié en 1885 la reproduction d’une annonce de l’ « Occult Magazine » de Glasgow, organe de la H. B. of L., dans laquelle il était fait appel aux personnes qui désiraient « être admises comme membres d’une Fraternité Occulte, qui ne se vante pas de son savoir, mais qui instruit librement et sans réserve tous ceux qu’elle trouve digne de recevoir ses enseignements » : allusion indirecte, mais fort claire, aux procédés tout contraires que l’on reprochait à la Société Théosophique. L’hostilité de celle-ci devait se manifester nettement, un peu plus tard, à propos d’un projet de fondation d’une sorte de colonie agricole en Amérique par des membres de la H. B. of L. ; Mme Blavatsky trouva là une occasion favorable pour se venger de l’exclusion dont elle avait été l’objet, et elle manoeuvra de telle sorte qu’elle parvînt à faire interdire au secrétaire général de l’Ordre, T. H. Burgoyne, l’accès du territoire des Etats-Unis. Seul, Peter Davidson, qui portait le titre de « Grand-Maître provincial du Nord », alla s’établir avec sa famille à Loudsville, en Géorgie, où il est mort il y a quelques années (3).
En juillet 1887, Peter Davidson écrivit àBarlet une lettre dans laquelle, après avoir qualifié le « Bouddhisme ésotérique » de « tentative pour faire pervertir l’exprit occidental », il disait: « les véritables et réels Adeptes n’enseignent pas ces doctrines de « karma » et de « réincarnantion » mises en avant par les auteurs du « Bouddhisme Esotériques » et autres ouvrages théosophiques… Ni dans les susdits ouvrages, ni dans les pages du « Theosophist », on ne trouve, que je sache, une vue plus juste et de sens ésotérique sur ces importantes questions. L’un des principaux objets de la H. B. of L. est de révéler à ceux des frères qui s’en sont montrés dignes le mystère complet de ces graves sujets… Il faut observer que la Société Théosophique n’est pas et n’a jamais été, depuis que Mme Blavatsky et le colonel Olcott sont arrivés dans l’Inde sous la direction ou l’inspiration de la Fraternité authentique et réelle de l’Himâlaya, mais sous celle d’un Ordre très inférieur, appartenant au culte bouddhique (4). Je vous parle là d’une chose que je sais et que je tiens d’une autorité indiscutable ; mais, si vous avez quelques doutes sur mes assertions, M. Alexander de Corfou a plusieurs lettres de Mme Blavatsky, dans quelques-unes desquelles elle confesse clairement ce que je vous dis ». Un an plus tard, Peter Davidson écrivait, dans une autre lettre, cette phrase quelque peu énigmatique : « Les vrais Adeptes et les Mahâtmâs véritables sont comme les deux pôles d’un aimant, bien que plusieurs Mahâtmâs soient assurément membres de notre Ordre ; mais ils n’apparaissent comme Mahâtmâs que pour des motifs très importants ». À ce moment même, c’est-à-dire vers le milieu de l’année 1888, Barlet quittait la Société Théosophique, à la suite de dissensions qui étaient survenues au sein de la branche parisienne « Isis », et dont on peut trouver les échos dans le « Lotus » de l’époque.
C’est aussi à peu près à cette date que Papus commença à organiser le Martinisme ; Barlet fut l’un des premiers auxquels il fit appel pour constituer son Suprême Conseil. Il était entendu tout d’abord que le Martinisme ne devait avoir pour but que de préparer ses membres à entrer dans un Ordre pouvant conférer une initiation véritable à ceux qui se montreraient aptes à la recevoir ; et l’Ordre que l’on avait en vue à cet effet n’était autre que la H. B. of L., dont Barlet était devenu le représentant officiel pour la France. C’est pourquoi, en 1891, Papus écrivait : « Des sociétés vraiment occultes existent pourtant qui possèdent encore la tradition intégrale ; j’en appelle à l’un des plus savants parmi les adeptes occidentaux, à mon maîtres en pratique , Peter Davidson » (5). Cependant, ce projet n’aboutit pas, et l’on dut se contenter, comme centre supérieur au Martinisme, de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, qui avait été fondé par Stanislas de Guaita. Barlet était également membre du Suprême Conseil de cet Ordre, et, quand Gaita mourut en 1896, il fut désigné pour lui succéder comme Grand-Maître ; mais, s’il en eut le titre, il n’en exerça jamais les fonctions d’une façon effective. En effet, l’Ordre n’eut plus de réunions régulières après la disparition de son fondateur, et plus tard, quand Papus songea un moment à le faire revivre, Barlet, qui ne fréquentait plus alors aucun groupement occultiste, déclara qu’il s’en désintéressait entièrement ; il pensait, et sans doute avec raison, que de telles tentatives, ne reposant sur aucune base solide, ne pouvaient aboutir qu’à de nouveaux échecs.
Nous ne parlerons pas de quelques organisations plus ou moins éphémères, auxquelles Barlet adhéra peut-être un peu trop facilement ; sa grande sincérité, son caractère essentiellement honnête et confiant l’empêchèrent, en ces circonstances, de voir que certaines gens ne cherchaient qu’à se servir de son nom comme d’une garantie de « respectabilité ». À la fin, ces expériences malencontreuses l’avaient tout de même rendu plus circonspect et l’avaient amené à mettre fortement en doute l’utilité de toutes les associations qui, sous des prétentions initiatiques, ne cachent à peu près aucun savoir réel, et qui ne sont guère qu’un prétexte à se parer de titres plus ou moins pompeux ; ils avaient compris la vanité de toutes ces formes extérieurs dont les organisations véritablement initiatiques sont entièrement dégagées. Quelques mois avant sa mort, nous parlant d’une nouvelle société soi-disant rosicrucienne, importée d’Amérique, et dans laquelle on le sollicitait d’entrer, il nous disait qu’il n’en ferait rien, parce qu’il était absolument convaincu, comme nous l’étions nous-même, que les vrais Rose-Croix n’ont jamais fondé de sociétés. Nous nous arrêterons sur cette conclusion à laquelle il était arrivé au terme, de tant de recherches, et qui devrait bien faire réfléchir très sérieusement un bon nombre de nos contemporains, s’ils veulent, comme le disaient les enseignements de la H. B. of L. , « apprendre à connaître l’énorme différence qui existe entre la vérité intacte et la vérité apparente », entre l’initiation réelle et ses innombrables contrefaçons. ».

(1) Il y eut aussi une « Hermetic Brotherhoof of Light », ou « Fraternité Hermétique de Lumière », qui semble avoir été une branche dissidente et rivale. D’ailleurs, on peut remarquer que le nom de « Luxor » signifie également « Lumière », et même doublement car il se décompose en deux mots (Lux-Or) qui ont ce meême sens en latin et en hébreu respectivement.
(2) Ces périodes sont celles dont il est question dans le « Traité des Causes secondes » de Trithème, dont l’explication faisait partie des enseignment de la « H. B. of L. ».
(3) Alors que la « H. B. of L. était déjà rentrée en sommeil, Peter Davidson fonda une nouvelle organisation appelée « Ordre de la Croix et du Serpent ». Un autre des chefs extérieurs de la « H. B. of L. », de son côté, se mit à la tête d’un mouvement d’un caractère tout différent, auquel Barlet fut également mêlé, mais dont nous n’avons pas à nous occuper ici.
(4) Il s’agit de l’organisation qui avait pour chef le Rév. H. Sumangala, principal du « Vidyodaya Parivena » de Colombo.
(5) Traité méthodique de Science occulte », p. 1039.

2 réponses à “René Guénon et la H. B. of L. après la mort de F. Ch Barlet”

  1. gabaon dit :

    Pour ceux que le « traité des causes secondes » de Jean Trithème intéresse, je puis conseiller quelques articles de l’excellent ouvrage de Jean Reyor, « A la suite de René Guénon, études et recherches traditionnelles », publié aux « éditions traditionnelles », en 1991.

    Il faut lire tout particulièrement le chapitre sur « les Rose-Croix et l’église intérieure », sous-titré « la doctrine des cycles chez les Rose-Croix », pages 111à 126.

  2. Paul Chacornac a publié une biographie de Jean Trithème aux éditions Traditionnelles.
    Le livre de Jean Trithème « Traité des causes secondes » est disponible aux éditions Archè.

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