5 avril, 2009

René Guénon – La période occultiste (1909 – 1912) – 3

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La Hermetic Brotherhood of Luxor

II La Hermetic Brotherhood of Luxor dans « L’erreur spirite ».

René Guénon publie « L’erreur spirite » en 1921 (Voir bibliographie). Ce livre comporte de nombreux passages citant la H. B. of L.

« L’erreur spirite » (1921), éditions traditionnelles, 1981 :

« L’erreur spirite », pp. 20-21: « L’essentiel de ce qui précède est emprunté au récit d’un auteur américain, récit que tous les autres se sont ensuite contentés de reproduire plus ou moins fidèlement ; or il est curieux que cet auteur, qui s’est fait l’historien des débuts du modern spiritualism (3), soit Mme Emma Barbinge-Britten, qui était membre de la société secrète désignée par les initiales « H. B. of L. (Hermetic Brotherhood of Luxor), dont nous avons déjà parlé ailleurs à propos des origines de la Société Théosophique. Nous disons que ce fait est curieux, parce que la H. B. of L., tout en étant nettement opposée aux théories du spiritisme, n’en prétendait pas moins avoir été mêlée d’une façon fort directe à la production de ce mouvement. En effet, d’après les enseignements de la H. B. of L., les premiers phénomènes « spiritualistes » ont été provoqués, non point par les « esprits » des morts, mais bien par des hommes vivants agissant à distance par des moyens connus seulement de quelques initiés ; et ces initiés auraient été, précisément les membres du « cercle intérieur » de la H. B. of L. Malheureusement, il est difficile de remonter, dans l’histoire de cette association plus haut que 1870, c’est-à-dire que l’année même où Mme Hardinge-Britten publia le livre dont nous venons de parler (livre où il n’est d’ailleurs fait, bien entendu, aucune allusion à ce dont il s’agit maintenant) ; aussi certains ont-ils cru pouvoir dire que, malgré ses prétentions à une grande ancienneté, elle ne datait guère que de cette époque. Mais, même si cela était vrai, ce ne le serait que pour la forme que la H. B. of L. avait revêtue en dernier lieu ; en tout cas, elle avait recueilli l’héritage de diverses organisations qui, elles, existaient trés certainement avant le milieu du XIXe siècle, comme la « Fraternité d’Eulis », qui était dirigée, au moins extérieurement par Paschal Beverly Randolph, personnage fort énigmatique qui mourut en 1875. Au fond, peu importent le nom et la forme de l’organisation qui serait effectivement intervenue dans les évènements que nous venons de rappeler ; et nous devons dire que la thèse de la H. B. of L., en elle-même et indépendamment de ces contingences, nous apparaît au moins comme fort plausible ; nous allons essayer d’en expliquer les raisons.  »

Idem, p. 25: « Il nous semble que cette interprétation s’accorde beaucoup mieux que tout autre avec la thèse de la H. B. of L. ; » … « … nous ajouterons cependant qu’il y a encore une autre hypothèse qui peut paraître plus simple, ce qui ne veut pas dire forcément qu’elle soit plus vraie : c’est que les agents de l’organisation en cause, que ce soit la H. B. of L. ou toute autre, se soient contentés de profiter de ce qui se passait pour créer le mouvement « spiritualiste », en agissant par une sorte de suggestion sur les habitants et les visiteurs de Hydesville. »

Idem, pp. 27-28: « Il y eut certainement aussi en Allemagne, depuis le début du XIXe siècle, d’autres sociétés secrètes qui n’avaient pas le caractère maçonnique, et qui s’occupaient également de magie et d’évocations, en même temps que de magnétisme ; or la H. B. of L., ou ce dont elle prit la suite, fut précisément en rapport avec certaines de ces organisations. Sur ce dernier point, on peut trouver des indications dans un ouvrage anonyme intitulé « Ghostland » (1), qui fut publié sous les auspices de la H. B. of L., et que quelques uns ont même crut pouvoir attribuer à Mme Hardinge-Britten ; pour notre part, nous ne croyons pas que celle-ci en ait été réellement l’auteur, mais il est au moins probable que c’est elle qui s’occupa de l’éditer (2) ».
Idem, p. 27, n. 1: « 1. – Cet ouvrage a été traduit en français, mais assez mal, et seulement en partie, sous ce titre : « Au pays des Esprits », qui est fort équivoque et ne rend pas le sens réel du titre en anglais. »
Idem, pp. 27-28, n. 2: « 2. – D’autres ont cru que l’auteur de « Ghostland » et d’ »Art Magic » était le même que celui de « Light of Egypt », de « Celestial Dynamics » et de « Language of the Stars » (Sédir, « Histoire des Rose-Croix », p. 122); mais nous pouvons affirmer que c’est là une erreur. L’auteur des trois derniers ouvrages, également anonymes, est T. H. Burgoyne, qui fut secrétaire de la H. B. of L. ; les deux premiers sont de beaucoup antérieurs. »

Idem, p. 28: « Il nous reste à poser ici une dernière question : quel but se proposaient les inspirateurs du « modern spiritualism » à ses débuts ? Il semble que le nom même qui fut alors donné à ce mouvement l’indique d’une façon assez claire : il s’agissait de lutter contre l’envahissement du matérialisme, qui atteignit effectivement à cette époque sa plus grande extension, et auquel on voulait opposer ainsi une sorte de contrepoids ; et, en appelant l’attention sur des phénomènes pour lesquels le matérialisme, du moins le matérialisme ordinaire, était incapable de fournir une explication satisfaisante, on le combattait en quelque sorte sur son propre terrain, ce qui ne pouvait avoir de raison d’être qu’à l’époque moderne, car le matérialisme proprement dit est d’origine fort récente, aussi bien que l’état d’esprit qui s’accorde aux phénomènes et à leur observation une importance presque exclusive. Si le but fut bien celui que nous venons de définir, en nous référant d’ailleurs aux affirmations de la H. B. of L., c’est maintenant le moment de rappeler ce que nous avons dit plus haut en passant, qu’il y a des initiés de sortes très différentes, et qui peuvent se trouver souvent en opposition entre eux ; ainsi, parmi les sociétés secrètes allemandes auxquelles nous avons fait allusion, il en est qui professaient au contraire des théories absolument matérialistes, quoique d’un matérialisme singulièrement plus étendu que celui de la science officielle. »

Idem, p. 98: « Les théosophistes ont accordé une importance considérable aux « élémentals » ; nous avons dit d’ailleurs que Mme Blavatsky en dut vraisemblablement l’idée à Georges H. Felt, membre de la H. B; of L., qui l’attribuait d’ailleurs tout à fait gratuitement aux anciens Egyptiens. »

Idem, pp. 217-219: « Nous ajouterons encore que, quoi qu’en prétendent les spirites et surtout les occultistes, on ne trouve dans la nature aucune analogie en faveur de la réincarnation tandis que, en revanche, on en trouve de nombreuses dans le sens contraire. Ce point a été assez bien mis lumière dans les enseignements de la H. B. of L., dont il a été question précedemment, et qui était formellement antiréincarnationniste ; nous croyons qu’il peut-être intéressant de citer ici quelques passages de ces enseignements qui montrent que cette école avait au moins quelque connaissance de la transmigration véritable, ainis que de certaines lois cycliques : « C’est une vérité absolue qu’exprime l’adepte auteur de « Ghostland », lorsqu’il dit que, en tant qu’être impersonnel, l’homme vit dans une indéfinité de mondes avant d’arriver à celui-ci… Lorsque le grand étage de conscience, sommet de la série des manifestations matérielles, est atteint, jamais l’âme ne rentrera dans la matrice de la matière, ne subira l’incarnation matérielle ; désormais, ses renaissances sont dans le royaume de l’esprit. Ceux qui soutiennent la doctrine étrangement illogique de la multiplicité des naissances humaines n’ont assurément jamais développé en eux-mêmes l’état lucide de conscience spirituelle ; sinon, la théorie de la réincarnation, affirmée et soutenue aujourd’hui par un grand nombre d’hommes et de femmes versés dans la « sagesse mondaine », n’aurait pas le moindre crédit. Une éducation extérieure est relativement sans valeur comme moyen d’obtenir la connaissance véritable… Le gland devient chêne, la noix de coco devient palmier; mais le chêne a beau donner des myriades d’autres glands, il ne devient plus jamais gland lui-même, ni le palmier ne redevient plus noix. De même pour l’homme : dès que l’âme s’est manifestée sur le plan humain, et a ainsi atteint la conscience de la vie extérieure, elle ne repasse plus jamais par aucun de ses états rudimentaires… Tous les prétendus « réveils de souvenirs » latents, par lesquels certaines personnes assurent se rappeler leurs existences passées, peuvent s’expliquer, et même ne peuvent s’expliquer que par les simples lois de l’affinité et de la forme. Chaque race d’êtres humains, considérée en soi-même, est immortelle ; il en est de même de chaque cycle : jamais le premier cycle ne devient le second, mais les êtres du premier cycle sont (spirituellement) les parents, ou les générateurs (1), de ceux du second cycle. Ainsi, chaque cycle comprend une grande famille constituée par la réunion de divers groupements d’âmes humaines, chaque condition étant déterminée par les lois de son activité, celles de sa forme et celles de son affinité : une trinité des lois… C’est ainsi que l’homme peut-être comparé au gland et au chêne : l’âme embryonnaire, non individualisée, devient un homme tout comme le gland devient un chêne, et, de même que le chêne donne naissance à une quantité innombrable de glands, de même l’homme fournit à son tour une indéfinité d’âmes les moyens de prendre naissance dans le monde spirituel. Il y a correspondance complète entre les deux, et c’est pour cette raison que les anciens Druides rendaient de si grands honneurs à cet arbre, qui était honoré au delà de tous les autres par les puissants Hiérophantes. » Il y a là une indication de ce qu’est la « postérité » entendue au sens purement spirituel ; ce n’est pas ici le lieu d’en dire davantage sur ce point, non plus que sur les lois cycliques auxquelles il se rattache ; peut-être traiterons-nous quelque jour ces questions, si toutefois nous trouvons le moyen de le faire en termes suffisamment intelligibles, car il y a là des difficultés qui sont surtout inhérentes à l’imperfection des langues occidentales.
Malheureusement, la H. B. of L. admettait la possibilité de la réincarnation dans certains cas exceptionnels, comme celui des enfants mort-nés ou mort en bas âge, et celui des idiots de naissance (2) ; nous avons vu ailleurs que Mme Blavatsky avait admis cette manière de voir à l’époque où elle écrivit Isis Dévoilée (3).

1. – Ce sont les « pitris » de la tradition hindoue.
2. – Il y avait encore un troisième cas d’exception, mais d’un tout autre ordre: c’était celui des « incarnations messianiques volontaires », qui se produiraient tous les six cent ans environ, c’est-à-dire à la fin de chacun des cycles que les Chaldéens appelaient Naros, mais sans que le même esprit s’incarne jamais ainsi plus d’une fois, et sans qu’il y ait consécutivement deux semblables incarnations dans une même race ; la discussion et l’interprétation de cette théorie sortiraient entièrement du cadre de la présente étude.
3. – Le Théosophisme, pp. 97-99.

Idem, p. 233, n. 2.

3 avril, 2009

René Guénon – La période occultiste (1909-1912) – 2

Classé dans : Documents — traditionprimordiale @ 20:54

II La Hermetic Brotherhood of Luxor

René Guénon a t’il été membre de la H.B. of L. ?

René Guénon a cité plusieurs fois la H.B. of L. dans son oeuvre. Nous allons publier ses passages par ordre chronologique. Dans cette première partie nous indiquerons les publications de René Guénon après la première guerre mondiale et avant la mort de F. Ch. Barlet. Il faut rappeler que René Guénon fait référence à la H. B. of L. dans des articles publiés sous pseudonyme avant la première guerre mondiale. Nous reviendrons sur ces derniers. Enfin dans certaines lettres écrites par René Guénon on peut trouver quelques mentions de cette organisation. Il s’agit de lettres publiées dans certains livres. Nous rappelerons qu’il s’agit d’une correspondance privée qui ne devait pas être éditée. De ce fait, nous nous en tiendrons à la seule oeuvre rendue publique (nous avons d’ailleurs eu l’occasion de lire ce passage sur un site (un des liens que nous proposons sur notre blog) : http://www.rene-guenon.org/crrspd.html).

I 1921: La H. B. of L. dans « Le Théosophisme, histoire d’une pseudo-religion ».

- « Le Théosophisme, histoire d’une pseudo religion » (voir bibliographie) : Nous rappelerons que ce livre a été édité en 1921. Les extraits que nous publions ont été édités dès cette date (sauf les notes additionnelles qui n’apparaissent que lors de la deuxième édition) :

Édition 1986 – p. 14, n. 2 « Si nous nous en rapportons à certains renseignements qui nous ont été communiqués, mais qu’il ne nous a pas été possible de vérifier directement, ce Metamon serait le père d’un autre personnage qui fut quelque temps à la tête du « cercle extérieur » de la H.B. of L. (société secrète dont nous parlerons plus loin), et qui, depuis lors, a fondé une nouvelle organisation d’un caractère assez différent ».

Idem – pp. 23: « … ce Felt, qui se disait professeur de mathématiques et égyptologue (1), était membre d’une société secrète désignée habituellement par les initiales « H. B. of L. » (Hermetic Brotherhood of Luxor) (2). Or cette société, bien qu’ayant joué un rôle important dans la production des premiers phénomènes du « spiritualisme » en Amérique, est formellement opposée aux théories spirites, car elle enseigne que ces phénomènes sont dus, non pas aux esprits des morts, mais à certaines forces dirigées par des hommes vivants » … »

Idem p. 23, n. 2: « Cette société ne doit pas être confondue avec une autre qui porte le nom similaire de Hermetic Brotherhood of Light, et qui ne fut fondée qu’en 1895. Il y a même une troisième Hermetic brotherhood, sans autre désignation, qui fut organisée à Chicago vers 1885. »

Idem p. 24: « C’est que Felt venait de la faire affilier, ainsi qu’Olcott, à la H. B. of L. : « J’appartiens à une Société mystique », … »

Idem pp. 25-26: « Nous devons dire maintenant, pour n’avoir pas à y revenir, que Mme Blavatsky et Olcott ne restèrent pas bien longtemps attachés à la H. B. of L. , et qu’ils furent expulsés de cette organisation quelques temps avant leur départ d’Amérique (1). Cette remarque est importante, car les faits précédents ont parfois donné lieu à de singulières méprises ; c’est ainsi que le Dr J. Ferrand, dans une étude publiée il y a quelques années (2), a écrit ceci, à propos de la hiérarchie qui existe parmi les membres de la Société Théosophique : « Au-dessus des dirigeants qui constituent l’Ecole théosophique orientale (autre dénomination de la « section ésotérique »), il y a encore une société secrète, recrutée dans ces dirigeants, dont les membres sont inconnus, mais signent leurs manifestes des initiales H. B. of L.  » Connaissant fort bien tout ce qui se rapporte à la H. B. of L. (dont les membres, d’ailleurs, ne signent point leurs écrits de ces initiales mais seulement d’un « swastika »), nous pouvons affirmer que, depuis ce que nous venons de rapporter, elle n’a jamais eu aucune relation officielle ou officieuse avec la Société Théosophique ; bien plus, elle s’est constamment trouvée en opposition avec celle-ci, aussi bien qu’avec les sociétés rosicruciennes anglaises dont il sera question un peu plus loin, quoique certaines individualités aient pu faire partie simultanément de ces différentes organisations, ce qui peut sembler bizarre dans de pareilles conditions, mais n’est pourtant pas un fait exceptionnel dans l’histoire des sociétés secrètes (3). Nous possédons d’ailleurs des documents qui fournissent la preuve absolue de ce que nous avançons, notamment une lettre d’un des dignitaires de la H. B. of L. , datée de juillet 1887, dans laquelle le « Bouddhisme ésotérique », c’est-à-dire la doctrine théosophiste, est qualifié de « tentative faite pour pervertir l’esprit occidental », et où il est dit encore, entre autres choses, que « les véritables et réels Adeptes n’enseignent pas ces doctrines de « karma » et de « réincarnantion » mises en avant par les auteurs du Bouddhisme Esotérique et autres ouvrages théosophiques », et que, « ni dans les susdits ouvrages ni dans les pages du Theosophist, on ne trouve une vue juste et de sens ésotérique sur ces importantes questions ». Peut-être la division de la H. B. of L. en « cercle extérieur » et « cercle intérieur » a-t-elle suggéré à Mme Blavatsky l’idée de constituer dans sa Société une « section exotérique » et une « section ésotérique » ; mais les enseignements des deux organisations sont en contradiction sur bien des points essentiels ; en particulier, la doctrine de la H. B. of L. est nettement « antiréincarnationniste », et nous aurons à y revenir à propos d’un passage d’Isis Dévoilée quio semble bien en être inspiré, cet ouvrage ayant été écrit par Mme Blavatsky pendant la période dont nous nous occupons actuellement ».
(1) Un ouvrage intitulé « The Transcendantal World », par C. G. Harrison, qui parut en Angleterre en 1894, semble contenir des allusions à ce fait et à l’antagonisme qui exista depuis lors entre la H. B. of L. et la Société Théosophique ; mais les informations qu’il contient relativement aux origines occultes de cette dernière ont un caractère trop fantastique et sont trop dépourvues de preuves pour qu’il nous soit possible d’en faire état.
(2) « La doctrine de la Théosophie, son passé, son présent, son avenir : Revue de Philosophie », août 1913, pp. 14-52. – Le passage que nous citons ici se trouve à la page 28.
(3) Le plus extraordinaire est peut-être que le Theosophist publia, en 1885, une annonce de l’Occult Magazine, de Glasgow, dans laquelle il était fait appel aux personnes qui désireraient « être admises comme membres d’une Fraternité Occulte, qui ne se vante pas de son savoir, mais qui instruit librement et sans réserve tous ceux qu’elle trouve dignes de recevoir ses enseignements ». Cette Fraternité, qui n’était pas nommée, n’était autre que la H. B. of L., et les termes employés étaient une allusion indirecte, mais fort claire, aux procédés tout contraire dont usait la Société Théosophique, et qui furent précisément critiqués à plusieurs reprises dans l’Occult Magazine (juillet et août 1885, janvier 1886).

Idem p. 31:  » Cette affirmation est d’ailleurs parfaitement exacte, et nous croyons sans peine qu’aucune alliance de ce genre n’eut été possible sans l’attitude antispirite que Mme Blavatsky affichait depuis quelques temps, plus précisément depuis son affiliation à la H. B. of L. ; … ».

Idem p 36:  » La lettre du comte Mac-Gregor porte les devises suivantes : « Sapiens dominabitur astris. – Deo duce, comite ferro. – Non omnis moriar. – Vincit omnia veritas », dont la dernière chose curieuse, est également la devise de la H. B. of L., adversaire déclarée de la Société Théosophique et de la Société Rosicruciana (1) ».

Idem, p. 36, n. 1 : « La H. B. of L. avait une interprétation particulière du Rosicrucianisme, dérivée principalement des théorie de P. B. Randolph et de la « Fraternité d’Eulis ». – Il parut à Philadelphie, en 1882, un ouvrage intitulé The Temple of the Rosy-Cross, dont l’auteur, F. B. Dowd, était un membre de la H. B. of L.  »

Idem, pp. 38-39: « Pourtant quand il était sous l’influence de la H. B. of L., Olcott n’avait que du mépris pour les Rosicruciens modernes : « La Fraternité (des Rose-Croix), écrivait-il à Staiton Moses en 1875, en tant que branche active de l’Ordre véritable, est morte avec Cagliostro, comme la Franc-Maçonnerie (opérative) est morte avec Wren ; ce qui en reste n’est que l’écorce. » Ici, les mots « branche active de l’Ordre véritable » font allusion à un passage des enseignements de la H. B. of L. dans lequel il est dit que le terme de Rose-Croix ne désigne par l’Ordre tout entier, mais seulement ceux qui ont reçu les premiers enseignements dans son prodigieux système ; ce n’est qu’un nom de passe par lequel les Frères amusent et, en même temps, mystifient le monde ». »

Idem, p. 95: René Guénon fait référence à Mme Emma Hardinge-Briiten présentée comme ancien membre de la Société Théosophique et membre de la H. B. of L.

Idem, p. 95, n. 1:  » Certains la regardent comme l’auteur des ouvrages anonymes intitulés « Art Magic » et « Gosthland », qui se rattachent aux théories de cette école. »

Idem, p. 99: « Il est facile de reconnaitre dans ce passage l’influence de la H. B. of L.; en effet, l’enseignement de celle-ci, bien qu’absolument « anti-réincartionniste » en thèse générale, admet pourtant, bien à tort, quelques cas d’exception, trois exactement: celui des enfants mort-nés ou mort en bas âge, celui des idiots de naissance, et enfin les incarnations « messianiques » volontaires, qui se produiraient tous les six cent ans environ (à la fin de chacun des cycles appelés Naros par les Chaldéens), mais sans que le même esprit s’incarne jamais ainsi plus d’une fois, et sans qu’il y ait consécutivement deux semblables incarnations dans une même race; … ».

Idem, p. 118 : « Du reste, il y a encore beaucoup mieux à dire que cela contre la réincarnation, car, en se plaçant au point de vue de la métaphysique pure, on peut en démontrer l’impossibilité absolue, et cela sans aucune exception du genre de celle qu’admettait la H. B. of L.; … »

Idem, p. 120.

Idem, p. 136: « Il est curieux de voir Mme Besant reprendre ici (à cela près qu’elle y fait intervenir les « âmes des morts ») la thèse de la H. B. of L. sur l’origine du spiritisme, et plus curieux encore qu’elle ait pensé la faire accepter par des spirites ; … ».

Idem, p. 207, n. 1: « La H. B. of L. ne fixait son origine qu’à « 4320 ans avant l’année 1881 de l’ère actuelle »; c’était relativement modeste, et encore faut-il dire que ces dates se référaient au symbolisme des « nombres cycliques ».

Idem, p. 299, n. 2: « Rappelons également à ce propos que l’année 1882, celle même où parut la Voie Parfaite, devait, d’après la duchesse de Pomar, être le commencement d’une ère nouvelle ; et, coïncidence singulière, on trouve une affirmation identique dans les enseignements de la H. B. of L. ».

Idem, pp. 299-300, n. 2 et n. 3.

À partir de la 2e édition, le livre est accompagné de notes additionnelles.

Idem, notes additionnelles, p. 313-315 : « Page 23. – Certains théosophistes ont affirmé, avec une insistance qui prouve que la chose a quelque importance pour eux, que la H. B. of L. avait été une « imitation » ou même une « contrefaçon » de la Société Théosophique, ce qui implique qu’elle n’aurait été fondée que postérieurement à celle-ci. Nous devons donc préciser que la H. B. of L. avait été « réorganisée extérieurement » dès 1870, c’est-à-dire qu’en cette année avait été fondé le « cercle extérieur » dont la direction fut, en 1873 (et non en 1884 comme il a été dit dans le Theosophist), confié à Max Théon ; celui-ci, qui devait plus tard se faire le propagateur de la doctrine désignée sous le nom de « tradition cosmique », et dont nous avons appris la mort tout récemment, était, paraît-il, le fils de Paulos Metamon (voir p. 12, note 2). Quant aux formes antérieures de la H. B. of L., il faut les chercher sans doute dans des organisations qui ont été connues sous divers autres noms, notamment dans la « Fraternité d’Eulis » de P. B. Randolph (voir p. 34, note 1 ; Eulis est une altération voulue d’Eleusis), et même dans le mystérieux « Ordre d’Ansaireh » auquel celui-ci était rattaché ; sur ce point, nous renverons aussi à ce que nous avons dit d’autre part dans « L’Erreur spirite » (pp. 20-21 et 27). De plus, nous pouvons dire maintenant que les douments inédits concernant la H. B. of L. nous ont été communiqués par F.-Ch. Barlet, qui en avait été le représentant officiel pour la France, après avoir été un des fondateurs de la première branche française de la Société Théosophique, dont il se sépara d’ailleurs en 1888 à la suite de dissensions dont on peut retrouver les échos dans la revue Le Lotus. – L’hostilité de la Société Théosophique à l’égard de la H. B. of L. se manifesta particulièrement, en 1886, à propos d’un projet de fondation d’une sorte de colonie agricole en Amérique par des membres de cette dernière organisation. Mme Blavatsky trouva là une occasion favorable pour se venger de l’exclusion dont elle avait été l’objet en 1878, et elle manoeuvra de telle sorte qu’elle arriva à faire interdire au secrétaire général de l’Ordre, T. H. Burgoyne, l’accès du territoire des Etats-Unis, en faisant parvenir aux autorités américaines des documents établissant qu’il avait subi autrefois une condamnation pour escroquerie. Seul, Peter Davidson, qui portait le titre de « Grand-Maître provincial du Nord », alla s’établir avec sa famille à Loudsville, en Géorgie, où il est mort il y a quelques années, après avoir fondé, alors que la H. B. of L. était déjà « rentrée en sommeil », une nouvelle organisation appelée « Ordre de la Croix et du Serpent » (allusion au symbole biblique du « serpent d’airain ») et ayant pour organe une revue intitulée The Morning Star. C’est Peter Davidson qui écrivit à F.-Ch. Barlet, en juillet 1887, la lettre dont nous avons cité quelques phrases (p. 24); voici un autre extrait de cette même lettre: « il faut aussi observer que la Société Théosophique n’est pas et n’a jamais été, depuis que Mme Blavatsky et le colonel Olcott sont arrivés dans l’Inde, sous la direction ou l’inspiration de la Fraternité authentique et réelle de l’Himâlaya, mais sous celle d’un Ordre très inférieur appartenant au culte bouddhique. je vous parle là d’une chose que je sais et que je tiens d’une autorité indiscutable ; mais, si vous avez quelque doute sur mes assertions, M. Alexander de Corfou a plusieurs lettres de Mme Blavatsky dans quelques-unes desquelles elle confesse clairement ce que je vous dis. » L’ordre bouddhique dont il s’agit ici n’est autre, vraisemblablement, que le Mahâ-Bodhi Samâj, c’est-à-dire l’organisation qui avait pour chef le Rév. H. Sumangala, principal du Vidyodaya Parivena de Colombo (voir pp. 104-105 et 169-170). Un an plus tard, Peter Davidson écrivait, dans une autre lettre, cette phrase quelque peu énigmatique: « Les vrais Adeptes et les Mahâtmas véritables sont comme les deux pôles d’un aimant, bien que plusieurs Mahâtmâs soient assurément membre de notre Ordre ; mais ils n’apparaissent pas comme Mahâtmâs que pour des motifs trés importants. »

Idem, p. 315: « Page 27 – La similitude partielle des noms de Chintamon et de Metamon paraît avoir donné lieu à quelques confusions; nous ne voyons pas d’autre explication possible à l’assertion bizarre contenue dans un article, d’ailleurs plein d’informations erronées et tendancieuses, paru dans l’Occult Review de Londres en mai 1925, et où ce Chintamon (dont le nom a été déformé en Christaman, qui n’a rien d’hindou) est présenté comme ayant été le chef plus ou moins caché de la H. B. of L.

Idem, p. 319: « Page 63 – M. Alfred Alexander, qui publia la correspondance de Mme Blavatsky et des Coulomb, est le même que M. Alexander de Corfou, dont il est question dans la lettre adressée par Peter Davidson à F.-Ch. Barlet en 1887 et que nous avons citée plus haut (notes additionnelles de la p. 23).

17 mars, 2009

René Guénon – La période occultiste (1909-1912)

Classé dans : Documents — traditionprimordiale @ 8:34

Le parcours de René Guénon au sein du milieu occultiste français.

1 Résumé

De 1909 à 1914, René Guénon va enquêter au sein du milieu occultiste français. Il s’agissait de prendre contact avec des personnalités sur lesquelles il aurait pu s’appuyer en vue de reconstituer une élite intellectuelle (1) et en même temps détruire les organisations occultistes qui caricaturaient toute restauration d’une authentique Tradition en Occident (2).
Une controverse persiste concernant cette période. En effet, les milieux universitaires restent persuader que René Guénon fut un temps influencé par certaines idées occultistes. Pourtant le contenu son projet de roman (1906) et les différents articles qu’il publia de 1909 à 1914 démontrent le contraire.

Il commença son parcours à l’Ecole Hermétique dirigée par Papus. Ce dernier était un écrivain prolixe qui livra de nombreuses études de « sciences occultes » particulièrement indigestes (3). Ses organisations étaient tout autant farfelues. En effet, l’Ecole Hermétique était le paravent d’ organisations maçonniques spiritualistes et du « martinisme ». Il n’y avait aucune filiation directe pour le martinisme malgré les prétentions de Chaboseau d’être l’héritier direct d’une lignée initiatique remontant à Louis-Claude de Saint-Martin (4).
Le jeune René Guénon entra au sein de ces organisations. Il fut introduit dans l’Ordre Martiniste, dans la loge Humanidad (Rite National espagnol puis Rite égyptien de Memphis-Misraïm) et du Rite primitif originel swedenborgien.
René Guénon va tenter de mettre fin au pseudo martinisme de Papus en rassemblant autour de lui les personnalités les plus intéressantes dont il va faire la connaissance durant cette période. Ce fut une des raisons de l’implication de René Guénon dans l’ordre du Temple rénové (5) qui eu une existence bien éphémère. L’une des raisons de la lutte entre Papus et René Guénon concernait la question de la publication de l’oeuvre de Saint-Yves d’Alveydre. René Guénon se rendait compte du risque de détournement de l’œuvre de Saint-Yves d’Alveydre par Papus. Il disposait d’un manuscrit inédit qui fut utilisé pour la série d’articles sur l’Archéomètre publié dans la Gnose. Celui-ci lui avait été donné par F. Ch. Barlet (6) qui s’opposait au travail de sabotage de Papus. La publication par les « Amis de Saint-Yves d’Alveydre » de l’Archéomètre démontra qu’il avait raison. Le livre est illisible et pourtant toujours publié (7). Par contre on ne trouve aucune trace de la série d’articles publiée dans « La Gnose » sous la signature de T. Bruno Hapel en a livré les extraits les plus intéressants dans son livre « René Guénon & L’Archéomètre » (8).
C’est au sein de la loge Humanidad, que René Guénon fit la connaissance de Léon Fabre des Essarts membre d’une église néo gnostique fondée par Jules Doinel. René Guénon fut introduit dans celle-ci et fonda le bulletin « La Gnose » (1909-1912). C’est dans ce dernier que fut publié ses premiers articles.

Notes

(1) René Guénon fera référence à cette notion dans son livre « Orient et Occident » (voir le chapitre III « Constitution et rôle de l’élite » de la deuxième partie « Possibilité et rapprochement »). Ce livre est actuellement disponible aux éditions Guy Trédaniel.
(2) Il en fera la confession à Noelle Maurice Denis Boulet dans une lettre publiée dans l’étude de Marie-France James, « Esotérisme et Christianisme autour de René Guénon ».
(3) Si l’on prend l’exemple de son « Traité de la Magie » (1893), Chacornac fut obligé pour la deuxième édition (1926) de faire une correction complète du manuscrit. La préface de Chacornac de 1926 a aujourd’hui disparu pour laisser la place à celle du fils de Papus. Papus aurait fait un travail bien plus intéressant s’il s’était arrêté à établir une bibliographie commentée des différents domaines traités.
(4) Sur le Martinisme voir Massimo Introvigne, « La Magie », chapitre IV Le Martinisme, pp. 155-191.
(5) Cette affaire a donné lieu à quelques fantasmes qui ont la vie dure. Ainsi Robert Amadou voulait y voir une « Erreur spirite de René Guénon ».
(6) F. Ch. Barlet (pseudonyme de André Faucheux – 1838-1923). Il dirigea la section française de la H. B. of L. (Hermetic Brotherhood of Luxor). Il permit à René Guénon d’avoir accès à de très nombreux documents : outre ceux de la H.B. of L., il lui remit les notes inédites de Saint-Yves d’Alveydre sur l’Archéomètre ainsi que les documents et grades de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix.
(7) L’Archéomètre a donné lieu à de nombreux reprints. On ne mesure pas le détournement de cette œuvre. L’aspect métaphysique de l’œuvre de Saint-Yves d’Alveydre contenu dans des manuscrits et notes inachevés restent aujourd’hui incompris tandis qu’il est toujours fait grand cas de son aspect social, la Synarchie, complètement détourné à des fins politiques et conspirationnistes.
Nous invitons nos lecteurs à se reporter à l’étude de Jean Saunier, « Saint-Yves d’Alveydre ou une synarchie sans énigme », Dervy-Livres, 1981, 487 pp.
(8) Voir un compte rendu critique : http://www.zen-it.com/studitradizionali/francais/Balestrieri-archeometre-fr.htm

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